Avec des étapes qui structurent une séance pour les élèves : l’échelle de Patañjali

Les yoga sūtras sont le textes fondateurs du yoga.
Ce sont les piliers préconisés par le RYE (Recherche du Yoga dans l’Éducation) pour amener du yoga dans la salle de classe ou en atelier.
L’objectif des yogas sutras était d’aider l’être humain à trouver l’harmonie entre sa santé physique et mentale pour une vie apaisée.
L’hypothèse de Micheline Flak, fondatrice du RYE, est que ce cheminement peut être en partie emprunté et adapté au service de l’éducation dans un contexte occidental et laïc.
Il est important de noter que ces étapes peuvent être utilisés à la suite, dans l’ordre (vous le verrez dans l’onglet ressources) et intégralement si vous disposez par exemple d’une salle adaptée et d’un temps plus long.
Mais ces piliers peuvent aussi être utilisés isolément en fonction de l’objectif visé et si vous êtes contraint par votre espace ou par le temps.

Voici les six piliers de l’échelle de Patañjali et quelques explications

1. Yama (Vivre ensemble)

Ce sont toutes les activités qui créent du lien entre les élèves et suscitent des échanges pour consolider le groupe.
Personnellement j’aime beaucoup toutes les activités de cercles de paroles à partir d’une question (qu’est-ce que le stress ? une émotion ? la confiance ?) ou la lecture d’une « philo fable » de Michel Piquemal qui vient initier une réflexion au sein du groupe.
Mais, à mon sens, cette première étape peut tout à fait être aussi un regard, un dos contre dos, ou les jeux de type brise-glace.
Un poème, une chanson sur laquelle vous travaillez en classe.

2. Niyama (Éliminer les tensions)

Tous les mouvements qui visent à se délasser : bâillements, étirements, petit warm up.

3. Asana (Se mettre en bonne posture)

Lorsque les élèves pratiquent les postures, ne les choisissez pas par hasard.
Imaginez que la posture est une métaphore corporelle d’un état psychique ou émotionnel.
Par exemple, si vous souhaitez travailler la confiance avec les élèves alors privilégiez les postures d’ouverture des épaules, du haut du corps ou d’ancrage au sol comme les guerriers.

Posture des « guerriers »

Si vous souhaitez insuffler de la solidarité, de l’empathie dans le groupe alors faites des postures à deux voire des acrobaties où ils seront interdépendants et en contact.
Un arbre à deux est bien plus simple que tout seul et ça vient dire quelque chose, faites-leur remarquer !

Un arbre à deux

Contre le stress, les élèves aiment les postures-refuge : l’enfant, la tortue, toutes les postures où la tête, le front sont déposés ou orientés vers le sol.

Posture-refuge de la « tortue »

Si vous êtes professeur d’EPS et que vous voulez les faire travailler sur leur schéma corporel, nommez bien les parties du corps travaillées, évoquez avec eux la latéralité, les rotations, les flexions, les équilibres et pourquoi pas, amenez-les à dire quelles sensations ils ont pour qu’ils expérimentent cette métacognition psycho-somatique.
Travaillez en dynamique, rappelez-vous qu’ils sont en croissance et qu’ils ont eux-mêmes du mal à connaître ou maîtriser leur corps.
Je les sensibilise de manière récurrente à deux choses: la droiture de la colonne vertébrale (épaules fières, menton humble !) et à l’étirement des ischio-jambiers qui avec le psoas, verrouillent le bassin.
S’ils sont trop tendus, ils entraînent une antéversion (bassin vers l’avant) et des douleurs à l’âge adulte.
Pour les séances où l’on veut travailler sur les émotions, les postures d’ouvertures des hanches sont préconisées. Attention à ne pas aller trop loin : pas de grand écart, pas d’hyper torsion (surtout si scoliose) et pas de cambrures de dos excessives.

4. Pranayama (Bien respirer)

Il existe quelques exercices de respiration intéressants comme l’abeille, la cohérence cardiaque, la paille, le triangle… mais je pense que la respiration est un fondamental de chaque moment de la séance de yoga.
Amenez-les régulièrement à conscientiser une respiration à trois étages: bas ventre / côtes flottantes / clavicules.
Invitez-les, particulièrement en posture allongée, à déployer ce souffle dans tout le buste.
Avec les tout petits pas trop d’explications, juste une attention portée sur une respiration naturelle que l’on vient poser et amplifier.

5. Pratyahara (Se relaxer)

La relax fait partie des incontournables que les enfants adorent !
Vous pouvez reprendre le fil de votre trame yoga en racontant une histoire que vous aurez rédigée et qui reprend les personnages de la philo fable ou les projeter dans un monde imagé, sur un écran mental, où ils sont détendus et en sécurité.
Les histoires que vous inventerez sont courtes et sont la métaphore « environnementale » du but recherché : un lac calme, une colline où l’on peut prendre du recul, un obstacle surmonté à plusieurs, un bel animal fier, un arbre séculaire solidement enraciné, etc.
Lors de la relax, des phrases suggestives tournées vers les sens est possible : du sable chaud, un arc-en-ciel, un vent frais sur le visage…

6. Dharana (Se concentrer)

Cette ultime étape peut être la transition à un retour au travail ou si prise isolément peut aider les élèves à entrer dans une tâche qui va requérir de la concentration comme une évaluation, un travail rédactionnel, etc…
Le RYE propose le tratak, activité emblématique mais des origamis, des mandalas sont possibles aussi !

Nota bene :
Plus les enfants sont jeunes plus les activités sont courtes et variées.
Si vous souhaitez faire une séance complète en salle de motricité ou gymnase, dites-vous que là où les lycéens vont rester attentifs une heure ou plus, les petits de maternelles le seront bien moins, je ne vous apprends rien 🙂.
Sinon intégrez de-ci de-là un exercice dans l’activité de classe : une série dos droit sur chaise en fin de journée, un exercice de relax front sur la table axée sur les sensations pour revenir au calme, des exercices de respiration répétés avant le bac blanc…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Anti-robot